Commande
Suite à un premier travail de laboratoire sur Antigone de Sophocle en 2011 avec huit comédiens de l'Oiseau-mouche, Stéphane Frimat m'a proposé de partir à l'aventure à nouveau avec des comédiens de la compagnie. Quel bonheur m'écriai-je pour moi-même, c'est une chance de pouvoir renouveler l'expérience.
Il me demande alors de penser à une forme de spectacle déambulatoire, pour tous styles de lieux, et ajoute une série de contraintes telles que « sans décor, sans costume, sans son, sans vidéo » qui me laissèrent dans une appréhension sans précèdent. J'aurais pu alors prendre mes jambes à mon cou, rêvant encore qu'il me propose de monter une pièce, je sais déjà laquelle, de Shakespeare sur un grand plateau en frontal avec une dizaine d'acteurs, du son, des décors, des costumes. Mais prenant mon courage à deux mains, le visage blême, je commençai à fouiller sans trop de conviction dans notre théâtre contemporain. Je savais de quoi je voulais parler, ce qui me semble fondamental : l'être humain à travers la vie, la mort, le désir, les doutes, l'attente aussi. Il y a aussi le questionnement des espaces-temps différents dans mon travail et j'ai encore besoin d'en parler. Enfin, j'aime l'exploration du langage, des sonorités, comment les mots s'articulent au gré des gens, du temps, des rythmes, des ponctuations... Ainsi je passai quelques jours, errant dans les rayons des bibliothèques et librairies en tout genre, sans résultat. Je décidai alors de m'isoler, chez moi, après avoir pris le soin de remplir mon placard de petits pois anglais et d' informer mon entourage de ma soudaine maladie, celle de l'idée qui ne vient pas. Je me suis mis alors au lit.
Alors que mon cerveau se remplissait de cauchemars déambulatoires, j'aperçus au milieu d'une pluie de boîte de conserves, une ampoule jaune de bande dessinée.
